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Pasquale Ferrara sur scène.

Comment les médias contribuent-ils à changer le monde ? Une soirée au Forum Mondial Convergences

Trois journalistes de médias européens reconnus sont venus livrer leur expérience du journalisme de solutions. Plus de 700 personnes étaint à la soirée « Comment les médias contribuent-ils à changer le monde ? » du Forum Mondial Convergences. Le journalisme de solutions, ça marche.

Le journalisme de solutions, ça marche ! Tel était donc le message de Sparknews, qui pour cette soirée orientée sur le journalisme de solutions avait convié les pionniers français et européens de cette facette du journalisme en plein essor. La onzième édition du Forum Mondial Convergences a été l’occasion pour plus de 700 spectateurs d’écouter les témoignages de trois journalistes issus de poids lourds des médias européens. Alison Gee pour BBC (chaîne publique britannique), Pasquale Ferrara pour SRF (télévision publique suisse) et Elena Comelli du Corriere della Sera (premier quotidien en Italie). Signe des temps qui changent et des médias qui s’ouvrent à un nouveau traitement de l’information.

Christian de Boisredon accompagné d'Elena Comelli.
© Marie Julien-Laferrière - Christian de Boisredon accompagné d'Elena Comelli.

« Pourquoi le journalisme de solutions ? […] Souvent les gens, et vous en faites peut-être partie, ont la perception que l’on parle surtout de ce qui va mal. […] Et pourtant il y a énormément de magnifiques projets que les médias sont capables de relayer », a indiqué Christian de Boisredon, fondateur de Sparknews, en guise d’inauguration de l’évènement. Sparknews est donc à l’initiative de l’alliance médiatique de l’Impact Journalism Day – présenté par SRF dans la vidéo ci-dessous.

#ImpactJournalismDay in 10vor10.

Une pratique journalistique à valeur ajoutée

Alison Gee de BBC World Hacks.
© Marie Julien-Laferrière - Alison Gee de BBC World Hacks.

Emilie Poisson, directrice exécutive de Convergences, pose la question fréquemment posée. Est-ce bien le rôle des journalistes que de chercher des solutions aux enjeux sociétaux et environnementaux ? La soirée a ainsi montré qu’ils pouvaient les mettre en lumière plus souvent. Un modèle dans cette pratique, 10Vor10, l’émission d’actualité prime time de SRF, a donc traité de sujets aussi variés que des cours de yoga dans les geôles argentines pour combattre la violence, à la startup sud-coréenne qui emploie des réfugiés nord-coréens afin de recycler les matériaux automobiles en valises.

World Hacks: Scanning homeless people to donate money.

Pour Pasquale Ferrara prendre du recul est crucial pour décider si un sujet est traitable par son émission. L’implication de Christian Dütschler, le rédacteur-en-chef de 10vor10, est donc fondamentale. Alison Gee, du programme World Hacks de la BBC, a également livré un témoignage éclairant sur l’importance de la rigueur journalistique  pour bien traiter un sujet. « Il y a des solutions qui peuvent mettre mal à l’aise, et c’est normal. Le problème consiste à identifier quelles sont les solutions, les limites, les échecs ou les défauts d’une idée. » Elle est notamment revenue sur un reportage sur le scan de personnes sans domicile fixe et la controverse que cela a suscité.

Il faut donc que le journaliste garde son sens critique. Meme lorsqu’il aborde des sujets à priori positifs. Selon Pasquale Ferrara trois ingrédients de base sont essentiels. Un recul critique par rapport aux solutions trouvées, une vérification des faits, et aucune crainte des controverses.

Pasquale Ferrara sur scène.
© Marie Julien-Laferrière - Pasquale Ferrara de SRF sur scène.

Le journalisme de solutions comme élèment de réponse à la crise économique de la presse ?

Dans un contexte économique difficile qui n’épargne pas les médias, le journalisme de solutions a donc le potentiel de ré-engager le lectorat.

Le Corriere della Sera (2 millions de tirages par jour en Italie) a lancé Buone Notizie à l’initiative d’Elisabetta Soglio. Depuis, cette dernière est devenue rédactrice-en-chef du supplément. Cette trentaine de pages axées sur les solutions ne se prive pas néanmoins pas d’avoir une vision critique de la société. Les résultats sont concluants. Le journal enregistre tous les mardis, jour de parution du supplément, 10 000 ventes supplémentaires. Bayer, Philips, Alliance, ENI ou ENEL s’en arrachent donc les pages publicitaires.

Malgré l’existence d’un public avide de ce type de lecture, le projet d’Elisabetta Soglio a rencontré des difficultés. Il fallait convaincre l’ancien éditeur et ses collègues de la viabilité de son projet. Il ne s’est concrétisé qu’en 2016, lorsque le nouvel éditeur a accepté d’investir davantage dans ce supplément. Son succès rappelle ceux français du Libé des solutions et de Nice Matin.

Elena Comelli du Corriere della Sera - "Buone Notizie".
© Marie Julien-Laferrière - Elena Comelli du Corriere della Sera - "Buone Notizie".

Des publics à la recherche d’une nouvelle approche à l’information

La journaliste italienne Elena Comelli a rappelé qu’un huitième de la population de son pays faisait du bénévolat et participait à l’économie circulaire. Ce public, lui-même engagé et informé, est donc demandeur de nouveaux modes d’information.

43% des français estimaient que les médias ne traitaient pas suffisamment du changement climatique. Ce sont les mots de Valérie Martin, responsable de la communication de l’ADEME (l’Agence De l’Environnement et de la Maitrise de l’Energie). « Il faut amplifier encore plus la multiplication et le partage de ces initiatives », a-t-elle ajouté au sujet du journalisme de solutions.

Pour Alison Gee, les jeunes sont particulièrement demandeurs d’une approche constructive de l’information. « La génération d’aujourd’hui ne veut pas seulement entendre parler de problèmes, mais aussi de solutions », dénonce-t-elle. Cependant, l’expérience de Pasquale Ferrara montre que le journalisme de solutions n’intéresse pas exclusivement la jeune génération. Car parmi les centaines de messages d’encouragements reçus par la rédaction de SRF, le journaliste a sélectionné la lettre manuscrite d’une octogénaire. Elle l’a particulièrement touché. « L’émission de vendredi soir dernier était très très intéressante et un véritable réservoir à idées. (…) Je sais que nous ne devons pas fermer nos yeux et nos oreilles sur la guerre, la faim dans le monde, la violence, mais ces messages négatifs peuvent nous paralyser ou nous fourvoyer. Il y a beaucoup de positif chez nous et partout dans le monde. Il faut en parler plus souvent que les vendredis soirs. S’il vous plaît continuez ! ».

Pour des raisons générationnelles, sociales ou individuelles, une tranche de la population est frustrée par le traitement actuel de l’information. Il demande donc une approche plus constructive.

Un public attentif au Palais Brongniart
© Marie Julien-Laferrière - Un public attentif au Palais Brongniart

Et qu’en a-t-on pensé dans le public ?

Dans une salle de professionnels des médias et de curieux cette évolution du journalisme a suscité l’espoir. « Il m’a semblé (…) prometteur de pouvoir rencontrer des journalistes qui s’interrogent sur leur métier et sont donc en passe de renouveler leur manière d’aborder et de partager l’information économique et sociétale », affirme Yuri Biondi, chercheur au CNRS.

Le monde de l’entreprise était également représenté. Pernod Ricard a sponsorisé la soirée. De nombreux communicants et responsables RSE étaient donc présents dans l’Auditorium.

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Pour finir en beauté Christian de Boisredon a appelé une trentaine de journalistes français à le rejoindre sur scène. Ils avaient été donc conviés à prendre part à un atelier avant l’évènement. Ils s’étaient interrogés entre pairs sur comment traiter les sujets anxiogènes. Migrations, changement climatique et santé mentale vus sous l’angle du journalisme de solutions.

Parmi eux des précurseurs dans l’hexagone. Emmanuel Moreau, chroniqueur d’Esprit d’Initiative sur France Inter et Caroline de Malet, chef de service du Figaro Demain. Sans oublier Sylvia Amicone, présentatrice LCI. Cette dernière est idéatrice du podcast Impacts Positifs. L’épisode 3 ci-dessus est dédié aux récits optimistes.

30 journalistes pour faire bouger les lignes
© Marie Julien-Laferrière - 30 journalistes pour faire bouger les lignes
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