Face à l’effondrement: quel rôle pour les entreprises? Une soirée du Club de l’Innovation Positive axée sur la résilience
Le 10 septembre 2019, les membres du Club de l’Innovation Positive Paris se sont réunis pour débattre du rôle des entreprises dans la transition vers une société résiliente. Après s’être plongée dans la théorie de l’effondrement et celle d’une résilience collective, l’audience a découvert six entreprises innovantes qui s’appuient sur ce constat.
Nous sommes entrés dans l’Anthropocène, l’ère géologique façonnée par l’être humain. Depuis la révolution industrielle, une partie de l’humanité s’est érigée en force géologique centrale. Croissance, production et consommation sont les maitres mots de cette époque. Aujourd’hui, la biocapacité de la Terre ne peut plus supporter ce modèle de démesure comme le rappelle le Manifeste de l’Institut Momentum ci-dessous.
Vincent Mignerot, président d’honneur d’Adrastia, nous a offert un cours de rattrapage sur la théorie de l’effondrement. Le mode de croissance contemporain, ne pouvant plus être supporté par la Terre, risquerait un déclin imminent et inévitable. En effet, le rapport Meadows produit par le MIT en 1972 annonçait déjà que notre économie allait buter contre une trop grande pollution et un trop grand épuisement des ressources. Elle amorcerait alors d’ici 2030 une transition vers un état nouveau. Pourquoi continuons nous pourtant d’accélerer ? On peut s’aider du concept de la Reine Rouge, inspiré du personnage de Lewis Caroll dans son ouvrage ‘De l’autre côté du miroir’. La Reine Rouge demande à Alice de courir sans raison et toujours plus vite car ‘il faut courir pour rester sur place’. Selon le biologiste Leigh Van Valen, cette phrase fait référence à la réponse de tous les organismes vivants face à la sélection naturelle. Au contraire, Vincent Mignerot nous invite face à l’effondrement à choisir non la décroissance, mais ‘la bonne cadence pour rester en vie’.
L’intervenant nous a ensuite invité·e·s à réfléchir aux solutions pour affronter cet effondrement. Selon lui, plutôt que le modèle de l’entraide, c’est celui de la compétition qu’il faudrait suivre. En effet, l’humain aurait réussi à respecter ce cadre de compétition de manière extrêmement performante et collaborative au fil du temps. L’enjeu reste de trouver comment ralentir ce rythme de compétition à la bonne cadence par rapport aux autres êtres vivants.
Malgré ce constat alarmiste, voir pessimiste du monde, une transition vers une société résiliente reste possible pour certain•e•s de nos contemporain•ne•s. Voici celles et ceux qui travaillent à cette transition.
Olivier Gosset, expert déchets chez PHENIX a évoqué la question du gaspillage alimentaire. Aujourd’hui, 25 à 30% de la production mondiale de nourriture est gaspillée. PHENIX propose aux ensiegnes de grande distribution et aux particuliers de les guider vers un modèle zéro-déchet. En fonction de l’état des déchets, ils proposent plusieurs revalorisation ; une re-distribution aux personnes en nécessité, une transformation en produits alimentaires, en alimentation animale et enfin une biométhanisation. Aujourd’hui, quatre épiceries de la région parisienne récupèrent les produits non-calibrés pour les rayons de supermarchés et les revendent à un prix réduit.
Comment encourager les entreprises dans une démarche résiliente? Jean-Baptiste Cottenceau est venu nous présenter Sustainable Metrics, dont il est directeur général. Cette entreprise accompagne les acteurs économiques dans la gestion de leurs enjeux RSE et plus spécialement dans la réduction de leurs externalités négatives. En proposant un suivi personnalisé, Sustainable Metrics identifie les enjeux prioritaires de chaque entreprise et la guide vers un modèle plus durable.
La bataille contre le plastique est un sujet qui gagne une attention croissante, qu’il s’agisse des individus ou des entreprises. Jean Hornain, directeur général de CITEO, nous a livré son expérience de terrain du tri et du recyclage. Principaux obstacles ? Le manque de clarté et de confiance autour des questions du tri. CITEO incite les citoyen•ne•s, et donc également les entreprises, à devenir ambassadeur•ice•s du tri. Cette démarche est également collective et pour Jean Hornain, il faudrait plus de clarté sur les consignes de tri et de transparence sur le processus avant/après.
L’humanité doit réduire de 45% ses émissions de CO2 d’ici 2030, ce qui implique une baisse de 76% de CO2 dans les transports français. Les trajets domicile-travail pourraient être un premier levier. Laure Wagner, fondatrice de 1km à pied, en a fait son cheval de bataille. L’organisation propose des plans de mobilité aux entreprises, mesurant notamment la distance domicile-travail des salariés, leur dépendance au pétrole et les permutations possibles.
Enfin, Olivier Gambari a présenté son entreprise iNex Circular, spécialisée dans l’économie circulaire. Répondant aux besoins des recycleurs, énergéticiens et entreprises, le “Tinder des débris” cartographie et classe les gisements de déchets industriels et agricoles à l’échelle locale ainsi que des entreprises qualifiées. Ansi, les pertes des uns peuvent être les ressources des autres.
Les participant·e·s du Club ont ensuite pu choisir une table-ronde pour échanger avec les entrepreneur•se•s et commencer à construire cette société résiliente.
Merci à tous les intervenant·e·s et participant·e·s pour leur venue. On vous retrouve en 2020 pour une nouvelle année d’Innovation Positive.