Vers une sobriété énergétique: première soirée de l’année pour le Club de l’Innovation Positive
Pour bien commencer cette année 2020, le Club de l’Innovation Positive a invité ses membres à réfléchir à leur consommation d’énergie. En effet, cinq semaines après la Cop25, la sobriété énergétique est plus que jamais un enjeu principal de la transition écologique. Pour traiter ce sujet, Sparknews a accueilli Fabrice Boissier, directeur général délégué de l’Ademe, pour une conférence introductive, ainsi que six intervenant·e·s représentant des entreprises innovantes variées.
Selon Fabrice Boissier, enclencher une transition écologique n’est pas possible sans changer nos modes de vie et de consommation. Le changement doit être opéré par tous, mais il n’a pas nécessairement besoin d’être radical. Fabrice Boissier nous invite simplement à nous interroger sur nos besoins: ai-je besoin d’un SUV pour mes trajets quotidiens à Paris? Ai-je besoin d’un steak à chaque repas? En réfléchissant ainsi, nous entrons collectivement dans une logique de sobriété et optimisons au mieux les ressources. En ce qui concerne les entreprises, le directeur général de l’Ademe identifie trois étapes pour aller vers une sobriété énergétique. Il encourage, dans un premier temps, à identifier ses perspectives de marché, puis à faire évoluer son modèle d’entreprise en fonction et enfin à intégrer une pensée systémique. Selon Fabrice Boissier, ce changement de modèle et d’usage doit s’opérer avant d’envisager l’utilisation d’énergie renouvelables.
Une rénovation énergétique grâce à DORéMI
En France, plus de 7000 kWh sont consommés par an par personne, contre 65 kWh seulement en Éthiopie, tandis qu’un tiers de la population mondiale reste privée d’électricité. L’Institut Négawatt milite pour un système énergétique sobre, efficace, renouvelable et juste.Vincent Legrand a présenté Dorémi, un dispositif opérationnel de rénovation énergétique des maisons individuelles. Le chauffage des maisons construites avant 1975 représente en effet 10% des consommations françaises d’énergie. De plus, 5 à 12 millions de personnes sont en situation de précarité énergétique en France. La mission de Dorémi est notamment de rendre sa méthode de rénovation énergétique accessible à tous. Le dispositif offre aux ménages de diviser leur facture de chauffage par quatre, à minima. Entre 2012 et 2018, ce sont 100 rénovations sur 25 territoires qui ont été effectuées, grâce à la formation de groupes d’artisan·e·s.
L’engagement collectif pour une transition énergétique à travers Energie Partagée
La transition énergétique doit être menée collectivement et, selon l’association Énergie Partagée, elle ne pourra se réaliser que si les collectivités et les citoyens œuvrent ensemble. Comme nous l’a expliqué Justine Peullemeulle, Énergie Partagée croit en l’engagement collectif et notamment avec des collectifs de citoyen·ne·s souverain·e·s dans un système énergétique sobre et efficace, entièrement basé sur les énergies renouvelables. Pour ce faire, Énergie Partagée propose aux citoyen·ne·s de gérer collectivement les ressources énergétiques pour qu’elles soient accessibles à tous, à travers l’investissement. Energie Partagée est ainsi le premier outil financier citoyen de la transition énergétique avec 21 millions € collectés et 17 millions € investis ou engagés dans 70 installations solaires, hydroélectriques, éoliennes et de biomasse.
Energiency: L’intelligence artificielle au service de la transition
L’industrie représente aujourd’hui 30% des émissions mondiales de CO2, principalement en raison de la consommation d’énergie dans les usines. Energiency, présenté par Arnaud Legrand, utilise l’intelligence artificielle dans les entreprises afin de les aider économiser de l’énergie au quotidien. L’entreprise a en effet développé un logiciel qui détecte et visualise des nouveaux gisements d’économie d’énergie pour l’industrie. L’analyse énergétique est ainsi automatisée et donc mise à la portée et la compréhension de tous.
Repenser notre consommation avec Kippit
La mise en place d’un modèle de sobriété énergétique nécessite également un changement dans nos habitudes de consommation. L’ambition de Kippit, fondée par Kareen Maya Levy, est de bousculer les normes de productions en fabricant des produits d’électroménager non jetables. En effet, ces produits sont conçus pour être durables, recyclables, et surtout réparables car chaque pièce est disponible à vie et peut être changée facilement. Kippit produit également des objets évolutifs, pour ne pas jeter et racheter dès qu’un nouveau modèle sort. Les mise à jours et évolutions sont disponibles sur le site et réalisables à la maison. Ainsi, la startup permet une consommation sobre et raisonnée.
Qarnot réutilise la chaleur du numérique
Limiter la dépense énergétique du numérique est un autre élément essentiel de la transition, pour lequel Qarnot a imaginé des solutions innovantes. L’idée de départ de l’entreprise, expliquée par Quentin Laurens, était d’optimiser la chaleur perdue par les serveurs informatiques, aussi appelée déchet informatique. C’est en voulant transformer ce déchet en ressource que Qarnot a créé le premier radiateur-ordinateur. Chaque machine est constituée de trois microprocesseurs reliés au réseau de fibre optique, qui à chaque calcul effectué produisent de la chaleur et la diffusent dans les bureaux où ces radiateurs-ordinateurs sont installés. L’entreprise a ensuite décliné ce mécanisme pour créer notamment une chaudière et une étagère numériques.
L’Hermitage: Un tiers lieu d’innovations rurales et citoyennes
L’Hermitage, présenté par Latifa Danfakha, est un tiers lieu d’innovations rurales et citoyennes dont le but est de favoriser la collaboration à échelle nationale et territoriale de différents acteurs. C’est un lieu de partage, situé dans la campagne où étudiant·e·s et retraité·e·s, entrepreneur·e·s et représentant·e·s d’associations, collectivités et entreprises sont les bienvenu·e·s pour réfléchir collectivement aux solutions des grands défis de notre siècle. L’idée est de recréer du lien entre villes et campagnes, dans un lieu qui permet la transmission des savoirs, l’expérimentation et le passage à l’action.
A la suite de ces présentations inspirantes, les participant·e·s ont pu rejoindre l’atelier de l’intervenant·e de leur choix afin de poursuivre la discussion et réfléchir aux enjeux liés à la transition énergétique. Rendez-vous le 18 mars pour un nouveau Club de l’Innovation Positive !