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Comment repenser l’éducation en temps de CoVid-19

Chez Sparknews, nous croyons que les temps de crises, comme ils balaient nos certitudes, sont également de belles opportunités pour nous adapter et repenser nos rapports au monde. Pour une équipe qui tente de faire émerger de nouveaux récits pour accélérer la transition écologique et sociale, nous nous devons d’interroger quels récits germent de cette catastrophe planétaire qu’est le CoVid-19. Dans la #SparkMinute de cette semaine, nous nous intéressons à l’éducation à travers de belles initiatives locales de solidarité, des exemples d’entreprises qui s’engagent et repensent leurs modèles et des prises de positions qui nourrissent nos imaginaires.

Depuis bientôt cinq semaines, les jeunes et les moins jeunes ne vont plus à l’école.

Les bancs d’amphithéâtre se sont vidés comme les cours de récréations. Avons-nous pour autant cessé d’apprendre ? Pour de nombreux parents, cette crise aura été au contraire l’occasion d’apprendre à apprendre. S’improviser professeur•e, apprivoiser des programmes suivis parfois de loin, découvrir les outils numériques pour envoyer les devoirs, c’est une expérimentation à part entière qui a commencé.

Des opportunités se dessinent, celles d’une nouvelle école alors que certains scientifiques évaluaient déjà la pertinence de la visioconférence plutôt que des amphis pour la participation des élèves. Ce reportage de France Culture sur L’école au temps du corona se surprend à découvrir des élèves décrocheurs qui retrouvent goût à l’apprentissage dans ce temps différent, sans notes ni contraintes.

Cette transition à marche forcée vers l’enseignement à distance laisse pour autant de nombreuses personnes souhaitant apprendre sur le bord de la route. Celles et ceux qui ne disposent pas des outils numériques nécessaires, des environnements propices à la concentration ou encore des adultes disponibles pour jouer les précepteur•ice•s. Plus poignant encore, les enfants pour qui la fermeture de l’école, c’est un repas par jour en moins, un accès à la santé détérioré ou une échappée de foyers violents.

Alors comment imaginer un autre enseignement, qui permette aux êtres humains de trouver des trésors de créativité et d’ingéniosité pour répondre aux enjeux actuels et à venir ? Peut-être en revenant à l’un des fondamentaux de l’école : le lien. Vous trouverez dans cette newsletter plusieurs initiatives qui permettent de continuer d’apprendre en ces temps troublés mais aussi de partager ses propres connaissances à d’autres qui ne demandent qu’à en savoir plus. L’Institut Télémaque recherche par exemple des volontaires afin d’apporter un soutien scolaire à distance aux filleul•le•s de l’association quand La Fourmilière vous propose d’échanger par Skype avec des réfugié·e·s le mardi soir pour les aider à améliorer leur français.

Quand les organisations s’engagent

L’ensemble des éditeurs membres de l’association des Éditeurs de l’Éducation ont mis gratuitement en ligne leurs manuels scolaires. Parmi eux : Belin ÉducationHachetteNathan ou Docéo qui se spécialise dans l’enseignement agricole. Pour les élèves actuellement confiné•e•s ainsi que leurs enseignant•e•s, c’est un excellent moyen d’assurer la désormais célèbre “continuité pédagogique”.

Le service public télévisé s’est également engagé pour aider les enfants confiné•e•s à continuer d’apprendre. Les grilles de programme de France 5 et France 4 ont ainsi évolué pour proposer des capsules pédagogiques adaptées au niveau scolaire des enfants. Il s’agit également d’une offre éducative en ligne accessible sur le site france.tv. A retrouver dans cet article de France Inter.

Tous les foyers en France ne possèdent pas d’ordinateur, la fracture numérique pouvant nourrir les inégalités scolaires en ces temps de télé-enseignement. Par l’intermédiaire des associations dédiées à l’égalité des chances résidentes de L’Ascenseur, BNP Paribas a fait don de 600 ordinateurs à des collégien•ne•s qui n’en possèdent pas pour leur permettre de continuer à suivre leurs cours. Un reportage de BFM Paris.

Et il n’y a pas que les enfants qui peuvent apprendre dans ce temps long. La plateforme Artips qui propose depuis maintenant 7 ans des newsletters pédagogiques et culturelles a mis à dispositions de toutes et tous ses parcours de culture générale destinés aux entreprisesVous pouvez ainsi y suivre des leçons quotidiennes sur l’histoire de l’art, l’histoire-géographie ou encore les cultures numériques et les sports.

Initiatives locales contre désordre global

Si les bibliothèques ont fermé leurs portes, elles refusent de faire de même pour les pages des livres. L’association Bibliothèques Sans Frontières qui milite depuis 12 ans pour porter la connaissance à celles et ceux qui en sont le plus éloignés a créé une programmation pour école à la maison (de la primaire au lycée), avec des activités quotidiennes gratuites, culturelles et pédagogiques.

Les bibliothèques de quartier ne sont pas en reste. Dans l’Avant-pays savoyard, celles de 14 communes proposent ainsi un accès gratuit à leurs ressources numériques ainsi que des professeurs en ligne tous les soirs entre 17h et 20h. A Conjux, l’ancienne bibliothécaire jeunesse Claire Presse a lancé une chaîne YouTube pour pouvoir continuer à lire des histoires aux élèves de l’école maternelle.

Marcel, en route ! Jamy Gourmand, le journaliste scientifique qui a marqué des générations d’écolier•e•s comme binôme de C’est pas Sorcier, nous apprend chaque jour de nouvelles curiosités scientifiques avec les pastilles #ChezJamy publiées sur sa page Facebook.

Le réseau Môm’artre, qui déploie une pédagogie par les arts dans 17 quartiers populaires, a également dû fermer les portes de ses centres d’accueil mais propose aux enfants des défis culturels deux fois par semaine. Leur travail est ensuite restitué dans Le petit musée virtuel des Môm’s.

Continuons d’apprendre sur nous et sur le monde

Les adultes peuvent ainsi répondre à l’étude coordonnée par l’Institut Adaptation de Christian Clot sur les conséquences de CoVid-19 sur notre santé mentale. Comment trouvons-nous les ressources ou au contraire quels sont les signes de la détresse mentale que cette crise peut provoquer ? Cette première étude en situation réelle pourrait nous aider à préparer de prochaines crises.

Si vous entendez chaque jour des bruits d’oiseaux, vous êtes aux premières loges pour « Confiné•e•s mais aux aguets », une opération de sciences participatives organisée par le Muséum national d’Histoire naturelle et la LPOL’objectif : recenser les oiseaux les plus communs autour de chez soi et ainsi permettre aux scientifiques d’évaluer la santé des différentes populations d’oiseaux.

Et si on imaginait plus loin ?

Si la situation est actuellement exceptionnelle, elle n’a pas son pareil pour révéler des dysfonctionnements plus ordinaires. Dans The Conversation, le professeur en Sciences de l’Éducation Charles Hadji revient sur l’importance du service de garde dont sont aujourd’hui privés les parents, et rappelle la vision de l’éducation comme d’un bien commun national. Il revient également sur les problèmes d’hygiène dans les écoles que cette crise aura mis en lumière. A lire ici.

L’enseignement à distance, serait-ce en effet le seul horizon de l’éducation ? Pour Pascal Plantard, professeur d’anthropologie, la situation a en effet accéléré la prise de conscience de l’enseignement “hors la classe”. Dans une tribune au Monde, il développe les barrières à cette éducation dématérialisée et notamment ses risques d’amplifier les inégalités. A lire ici.

Que nous dit cette crise sur l’avenir de l’éducation ? Pour certain•e•s, il s’agit d’une attaque en règle d’un modèle déjà remis en question, entraînant une privatisation définitive de l’éducation et un éclatement de l’école. Pour l’ancien inspecteur général Roger-François Gauthier dans le Monde, estime que l’école pourrait aussi sortir renforcée de cette crise. A lire ici.

En effet, cette crise aura permis à chacun•e de se rendre compte de l’engagement et de la capacité d’adaptation des enseignant•e•s. En seulement quelques jours, comme le raconte si bien notre chère institutrice un peu plus haut, ils et elles ont dû trouver les moyens de changer complètement leur accompagnement des élèves pour garder tant bien que mal un lien avec l’ensemble des élèves. C’est par ce lien sans doute, que l’éducation se réinvente en temps de crise. En 2017, Judith Grumbach réalisait le joli film dédié aux exemples de pédagogies alternatives. Son nouveau film, Devenir Grand, nous propose de suivre pendant une année scolaire trois classes où se joue cet enjeu si prégnant : comment relever, jour après jour, le défi de grandir, ensemble ? Le documentaire a été diffusé mardi soir sur France 2 et est disponible jusqu’à fin mai en ligne sur la plateforme france.tvRevoir le film « Devenir grand ».

Et pour une vision plus sensible de ce à quoi ressemble l’éducation durant la crise, Noë nous a confié son récit de quotidien d’institutrice de CM1 durant cette période de confinement, mis en images par notre collègue Marie Julien-Laferrière. Avec cette petite pensée du soir, elle nous confie le coup de massue du jeudi 12 mars, les échanges paniqués entre enseignant•e•s, la dernière journée avec les élèves et son premier “je ne sais pas” face à sa classe.

Chaque semaine, la minute Spark c’est une invitation à découvrir les initiatives face à la pandémie qui nous inspirent mais aussi nous permettent de réfléchir à l’après. Nous sommes persuadé•e•s que cette crise renferme de précieux enseignements sur notre système économique mondialisé. Qu’il s’agisse d’éducation, de solidarité, de rapport au travail ou au vivant, à nous de refuser de revenir au statu quo une fois la crise sanitaire passée. Découvrez les éditions conscacrées à l’énergie, au travail et l’alimentation.

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