Repenser les (bio)régions en temps de CoVid-19
Chez Sparknews, nous croyons que les temps de crises, comme ils balaient nos certitudes, sont également de belles opportunités pour nous adapter et repenser nos rapports au monde. Pour une équipe qui tente de faire émerger de nouveaux récits pour accélérer la transition écologique et sociale, nous nous devons d’interroger quels récits germent de cette catastrophe planétaire qu’est le CoVid-19. Dans la #SparkMinute de cette semaine, nous nous intéressons aux biorégions à travers de belles initiatives locales de solidarité, des exemples d’entreprises qui s’engagent et repensent leurs modèles et des prises de positions qui nourrissent nos imaginaires.
L’Art d’habiter la Terre
Quand les organisations s’engagent
Il y a 6 ans, Xavier Anciaux et Sylvie Deschampheleire fondaient dans la province de Namur, en Belgique les Jardins d’OO, une coopérative d’agriculture biologique, en permaculture et en auto-cueillette. Pendant la crise liée au Covid, ils ont continué à distribuer en porte à porte leurs paniers de fruits et légumes, ce qui a convaincu le maire de débloquer un projet en attente depuis 3 ans : que la coopérative achète un terrain de 3 hectares, en plein milieu du village. Un exemple qui est appelé à se développer, comme le présente Isabelle Delannoy sur Ce Qu’Il Faut Développer.
Vendre en circuit court implique pour les producteur·ice·s de faibles volumes, des livraisons plus fréquentes et donc des prix plus élevés. Crée en 2016 par Laura et Marie Giacherio, La Charrette est une espèce de Blablacar qui mutualise les livraisons. Pendant la crise du Covid-19, c’est aussi devenu une carte recensant plus de 2000 producteurs en France qui cherchaient des débouchés, plus de 500 professionnel·le·s de l’alimentation locale (restaurants, épiceries etc.) qui avaient besoin de produits locaux et 500 transporteur·se·s indépendant·e·s.
Et si l’argent de la relance était fléché vers des projets portés par des acteur·ice·s de la transition(associations, collectivités locales ou tout autre acteur territorial) ? Démocratie Ouverte et La Fabrique des Transitions s’associent pour faire remonter massivement et en coordination auprès des préfet·e·s, président·e·s de régions, CESER les projets de transition pouvant intégrer un plan de relance/transformation. Les différentes listes de projets seront transmis aux Préfet·e·s et Président·e·s de Région le 5 juin 2020. Chacun·e peut déjà signer la charte La Fabrique des Transitions.
La voiture thermique a dû mal à s’inscrire dans l’horizon local de la bio-région à l’inverse du vélo, qui est à la fois low-tech et peu polluant. Si l’État français propose déjà une aide de 50 euros pour la réparation et la reprise en main de son vélo, Coup de pouce vélo, certaines entreprises font un pas en avant avec le vélo de fonction. Des jeunes pousses dont Zenride et TIM proposent ainsi aux entreprises de prendre en charge 70 % de la location longue durée de vélo pour les salarié·e·s, à la place de l’achat de voitures de fonction ! À lire dans Ouest-France.
Initiatives locales contre désordre global
Nous devons aussi consommer et produire l’énergie différemment ! Dans de nombreuses régions françaises, des projets citoyens se montent autour de l’auto-production : Kerwatt est par exemple une coopérative d’énergies renouvelables. D’autres sont rassemblées dans l’association des Centrales Villageoises, des sociétés locales à gouvernance citoyenne qui portent des projets en faveur de la transition énergétique. Découvrez d’autres exemples comme La Fruitière à Énergie dans le podcast La Traverse, une série radio qui sillonne les routes de France à la rencontre des acteur·ice·s qui font des territoires ruraux des lieux de vie inscrit dans une transition écologique et sociale.
Le Centre international de développement agropastoral (Cidap) est une ferme pédagogique de dix-sept hectares auxquels il faut ajouter les huit hectares de l’écovillage de Tanoun-Ténéga situé à quelques kilomètres, dans la région de Niamtougou. Au début des années 1980, le couple Bawiena décide de mettre en place un système pour lutter contre l’exode rural très important dans cette région déshéritée du Togo. Chaque année, ce sont à présent 800 personnes qui sont formées à l’agroécologie, mais aussi des dizaines de villageois·e·s qui sont nourris par ses récoltes. En savoir dans un reportage dans Le Monde.
Et si à la fin de l’été vous découvriez à pied laprochaine bio-région bretonne ? L’écrivain-voyageur Bernard Ollivier organise en août ou septembre une « Marche pour demain », entre les deux lieux symboliques de Langouët et Trémargat en Bretagne. Son objectif est de rassembler parmi les marcheur·se·s les futur·e·s habitant·e·s d’un premier village auto-suffisant, le projet Air. e, Découvrez ses motivations dans Le Télégramme. En attendant, vous pouvez vous former avec la Fresque de la Renaissance Écologique, en commençant par cette conférence de Julien Dossier qui en introduit les principaux chantiers.
Et si on imaginait plus loin ?
Spécialiste des systèmes et politiques alimentaires, enseignante-chercheuse en géographie à l’ISARA, Caroline Brand répond aux questions de Qqf sur la figure du « maire nourricier ». La ou le maire était alors le garant du bon approvisionnement des cités, avant de se désengager progressivement tout au long du XXème siècle. Elle revient ensuite sur le déploiement progressif d’actions citoyennes (Amap, jardins partagés, épiceries sociales et solidaires, supermarchés coopératifs, composts collectifs, etc.) où le rôle des consommateur·ice·s est primordial. À lire ici.
Pour Alternatiba, 60 personnalités ont dessiné le monde d’après. Dans ce recueil en ligne, on découvre une myriade de possibilités, cataloguées par des verbes d’actions et accompagnées de pistes concrètes d’action. Qu’il s’agisse de se nourrir, de cultiver, d’informer, de voyager ou de s’éclater, celles et ceux qui ont pris la plume ou le pinceau touchent au cœur. Sur le thème des biorégions, on vous recommande chaudement le texte Habiterpar Denis Lachaud, mais aussi Accueillir de Cédric Herrou illustré par Morgane Fadanelli et Contempler de Corinne Morel Darleux illustré par Alessandro Pignocchi. À lire en entier ici.
Chaque semaine, la minute Spark c’est une invitation à découvrir les initiatives face à la pandémie qui nous inspirent mais aussi nous permettent de réfléchir à l’après. Nous sommes persuadé•e•s que cette crise renferme de précieux enseignements sur notre système économique mondialisé. Qu’il s’agisse d’éducation, de solidarité, de rapport au travail ou au vivant, à nous de refuser de revenir au statu quo une fois la crise sanitaire passée. Découvrez les éditions consacrées à l’éducation, l’énergie, le travail, l’alimentation, la biodiversité et la démocratie.