Repenser l’alimentation en temps de CoVid-19
Chez Sparknews, nous croyons que les temps de crises, comme ils balaient nos certitudes, sont également de belles opportunités pour nous adapter et repenser nos rapports au monde. Pour une équipe qui tente de faire émerger de nouveaux récits pour accélérer la transition écologique et sociale, nous nous devons d’interroger quels récits germent de cette catastrophe planétaire qu’est le CoVid-19. Dans la #SparkMinute de cette semaine, nous nous intéressons à l’alimentation à travers de belles initiatives locales de solidarité, des exemples d’entreprises qui s’engagent et repensent leurs modèles et des prises de positions qui nourrissent nos imaginaires.
Nous sommes ce que nous mangeons
Quand les organisations s’engagent
Alors que certaines cantines d’hôpitaux ont fermé pour cause de confinement, les restaurants engagés du label Ecotable ont décidé d’apporter un peu de réconfort culinaire aux soignant·e·s. 500 repas bios cuisinés par des chef·fe·s sont ainsi livrés chaque jour dans les hôpitaux parisiens. Pour répondre au même enjeu, l’entreprise QuiToque confectionne des paniers-repas à prix coûtant : Les dîners solidaires. Vous pouvez soutenir ces initiatives, respectivement sur KissKissBankBank et Ulule.
De nombreux restaurants ont dû fermer leurs portessans savoir comment écouler leurs stocks de produits frais. En Ile-de-France, la jeune pousse Linkee propose de récupérer les denrées alimentaires invendues pour les redistribuer aux personnes en situation de précarité. Plus de 1 200 repas sont ainsi distribués quotidiennement en respectant la chaîne du froid. L’association lève actuellement des fonds sur Ulule pour financer l’achat d’un camion électrique.
Autre maillon de la chaîne de distribution alimentaire : les cantines scolaires. Sans attendre le retour des élèves à la mi-mai, la cuisine centrale de Marseille va reprendre du service d’ici une semaine. 5 000 repas pensés avec un apport nutritionnel adapté aux adultes y seront préparés quotidiennement pour les personnes les plus précaires. La mairie travaille avec des associations pour en assurer la livraison à froid. A lire dans 20 minutes.
À Offin, dans le Pas-de-Calais, c’est le maire qui distribue gratuitement tous les vendredis des produits frais issues de l’agriculture bio locale ainsi que des produits de première nécessité. Aidé par des bénévoles, Roger Houzel remplit un tracteur et un camion de pain, café, légumes frais et même de chocolats de Pâques. Cette initiative a permis aux administré·e·s de rester à leur domicile mais aussi de pérenniser l’activité des deux maraîchers du village.
Initiatives locales contre désordre global
Les réseaux de solidarité autour d’exploitations prennent diverses formes. Dans Reporterre, Corinne Morel Darleux présente l’Annuaire des protecteurs du Diois, une initiative née au sein du groupe Covid-Entraide Diois. Avec Adopte un maraîcher à Angers, un salon de coiffure et un bar ont été réaménagés pour accueillir gracieusement des maraîcher·e·s privé·e·s de marchés. L‘AMAP du 10ème arrondissement de Paris lève quant à elle des fonds pour offrir du matériel à l’agriculteur qui la fournit. Vous pouvez le soutenir sur MiiMOSA.
Que vous soyez aux fourneaux ou à pédales, vous pouvez rejoindre le collectif #PourEux. Dans neuf grandes villes françaises, des bénévoles préparent des repas pour les SDFs, qui souffrent de la fermeture des associations et des rues désertées. Ces repas fait maison leurs sont ensuite livrés à vélo par des cyclistes amateurs. Il suffit de se faire connaître sur la plateforme en ligne en précisant son adresse et l’heure où le repas sera prêt. En France, le cap des 1 400 repas distribués par jour a été franchi le 19 avril.
Pour aider les cafés et restaurants dont le confinement a asséché la trésorerie, les fonds solidaires Bar Solidaire, J’aime mon bistrot et Sauver Mon Bar proposent aux habitué·e·s d’acheter des avoirs utilisables à la réouverture de leur établissement préféré. Le montant est d’ores et déjà versé au patron·ne afin de l’aider à assurer ses traites. À la réouverture, le montant des avoirs sera majoré à hauteur de 50% par les partenaires de J’aime mon bistrot ou en équivalent bière pour Bar Solidaire. A lire dans Libération.
Et si on imaginait plus loin ?
Dans cette tribune à charge contre “une agriculture artificielle, industrielle, entièrement dépendante des énergies fossiles, hors-sol, sans paysans, anéantie par un exode rural sans précédent”, le collectif autour de Philippe Desbrosses, fondateur de la ferme de Sainte-Marthe à Millançay, joue aux Cassandres. Delphine Batho, Yannick Jadot, Coline Serreau ou encore Edgar Morin ont signé ce texte paru dans Le 1 qui appelle à remailler le territoire avec des productions diversifiées, à proximité et au service des populations. Des pistes concrètes sont à découvrir dans l’article de Weronika Zarachowicz pour Télérama : L’autonomie alimentaire, une illusion ? A lire ici.
A quoi pourrait ressembler une véritable résilience alimentaire ? Les membres de la jeune association Les Greniers d’Abondance ont travaillé pendant un an et demi pour réaliser l’ouvrage Vers la résilience alimentaire, disponible en ligne. Les vulnérabilités du système alimentaire contemporains y sont présentées ainsi que les différents leviers d’action à l’échelle des territoires comme augmenter la population agricole, préserver les sols fertiles, favoriser l’autonomie technique et énergétiques des fermes, généraliser l’agroécologie ou recycler massivement les nutriments. A lire ici.
Chaque semaine, la minute Spark c’est une invitation à découvrir les initiatives face à la pandémie qui nous inspirent mais aussi nous permettent de réfléchir à l’après. Nous sommes persuadé•e•s que cette crise renferme de précieux enseignements sur notre système économique mondialisé. Qu’il s’agisse d’éducation, de solidarité, de rapport au travail ou au vivant, à nous de refuser de revenir au statu quo une fois la crise sanitaire passée. Découvrez les éditions consacrées à l’éducation, l’énergie et le travail.