Repenser l’énergie en temps de CoVid-19
Chez Sparknews, nous croyons que les temps de crises, comme ils balaient nos certitudes, sont également de belles opportunités pour nous adapter et repenser nos rapports au monde. Pour une équipe qui tente de faire émerger de nouveaux récits pour accélérer la transition écologique et sociale, nous nous devons d’interroger quels récits germent de cette catastrophe planétaire qu’est le CoVid-19. Dans la #SparkMinute de cette semaine, nous nous intéressons à la sobriété énergétique à travers de belles initiatives locales de solidarité, des exemples d’entreprises qui s’engagent et repensent leurs modèles et des prises de positions qui nourrissent nos imaginaires.
Serions-nous entré•e•s dans une aire de sobriété énergétique ?
Quand les organisations s’engagent
En ces temps de télétravail, de cours à distance et de loisirs en ligne, mais aussi de recherche scientifique accrue pour trouver des solutions à cette épidémie, les data centers consomment toujours plus d’énergie et émettent de la chaleur. Par ailleurs, le chauffage des bâtiments résidentiels représentaient jusqu’à 28% de l’énergie consommée en 2017 dans le monde. Les serveurs-radiateurs de Qarnot proposent de réchauffer des habitations avec la chaleur des calculs effectués par la recherche scientifique.
Pendant le confinement, des pistes cyclables et des rues piétonnières se multiplient à Mexico, New-York, Berlin, Winnipeg et Calgary selon Les Echos. Les chaussées ont en effet été désertées par les voitures. Liées à cette baisse de la circulation automobile, 22 kilomètres de « corona bike lanes » ont ainsi été mises en place à Bogota en une nuit.L’occasion de développer le cyclisme urbain, un sujet abordé lors de la seconde rencontre On s’adapte avec Nathalie Ortar, membre du Laboratoire Aménagement, Économie, Transport.
Si le transport représente 29% de l’énergie consommée dans le monde, l’acheminement de marchandises y taille la part du lion. Face à la crise sanitaire, les circuits-courts connaissent un regain d’intérêt, cette cartographie participative des circuits courts fermiers permettant à chacun•e de se nourrir. A lire dans WeDemain.
Confinement signifie également dématérialisation et les grandes entreprises du numérique ont dû restreindre leur appétit énergétique. Netflix, YouTube, Facebook et Amazon limitent ainsi depuis le début de la crise sanitaire l’utilisation de la “haute définition”, très consommatrice de bande passante.
Initiatives locales contre désordre global
Les ¾ des impacts environnementaux du numérique mondial sont associés à la fabrication des équipements. Plutôt que de jeter des appareils défectueux, les réparer s’avère un premier pas pour les limiter. Et si vous profitiez du confinement pour apprendre à le faire grâce aux guides de réparation du site iFixit (Je le répare) ? Des conseils sont aussi disponibles dans Le Dauphiné.
Confiné•e, c’est également l’occasion de se pencher sur les huit astuces pour réduire sa consommation d’électricité de Greenpeace. On peut commencer par débrancher tous les appareils en veille, dégivrer son congélateur ou encore utiliser les programmes économiques de son lave-vaisselle ou de sa machine à laver : autant d’écogestes qui feront du bien à la planète et à votre facture.
250 organisations de 25 pays ont publié une lettre ouverte adressée aux gouvernements du monde. Ces ONGs appellent à ce que le sauvetage financier du secteur aéronautique n’ait pas lieu sans garanties d’une protection des emplois. Ce sauvetage devrait aussi être aligné sur une trajectoire de 1,5 °C de changement climatique. Une pétition sur Change.org à signer et diffuser.
Énergie et art
Et si on imaginait plus loin ?
Et si nous continuions sur cette lancée de sobriété énergétique et entamions réellement une transition énergétique ? En 2003, le collectif négaWatt publiait un manifeste qui reste d’actualité tant il invite à renverser notre regard habituel sur l’énergie : interroger “comment mieux la consommer” avant de décider “comment en produire plus”. A lire : le scénario négaWatt 2017-2050, un exercice de prospective autour d’une France utilisant 100% d’énergies renouvelables en 2050, tout en atteignant la neutralité carbone. Un scénario à découvrir ici.
Parlerait-on même de transition énergétique ou de mutation énergétique ? L’historien François Jarrige et l’économiste Anna Creti reviennent au micro de France Culture sur les difficultés du système de production d’énergie français à intégrer les énergies renouvelables. En réfléchissant la centralisation actuelle du nucléaire en miroir des productions d’énergies renouvelables qui sont par nature décentralisées, nous sommes invité•e•s à imaginer des énergies territoriales et à petite échelle. À écouter sur France Culture.
Avec la sobriété énergétique, les low tech sont appelées à remplacer le numérique et sa voracité énergétique. Le terme, que l’on doit en bonne partie à l’ingénieur Philippe Bihouix et à son livre L’Âge des Low tech, désigne des techniques à la fois utiles, durables et accessibles. Passerelles, la revue de la Coredem, consacre son dernier numéro (disponible en ligne) à ces nouvelles expérimentations d’alternatives autour des technologies numériques. À lire ici.
Chaque semaine, la minute Spark c’est une invitation à découvrir les initiatives face à la pandémie qui nous inspirent mais aussi nous permettent de réfléchir à l’après. Nous sommes persuadé•e•s que cette crise renferme de précieux enseignements sur notre système économique mondialisé. Qu’il s’agisse d’éducation, de solidarité, de rapport au travail ou au vivant, à nous de refuser de revenir au statu quo une fois la crise sanitaire passée. Découvrez les éditions consacrées à l’éducation, au travail et l’alimentation.